Islamophobie
Italie : «La burqa est le cheval de Troie des musulmans» Â
Un maire de la Ligue du Nord en guerre ouverte avec une Italienne convertie et entièrement voilée, à Drezzo. Italienne convertie à l’islam, Sabrina Varroni ne sort pratiquement plus de chez elle. Dans la commune de Drezzo, à proximité du très paisible lac de Côme, son cas déchaîne les passions et la burqa qu’elle endosse est devenue un sujet de controverse dans tout le nord de l’Italie et jusqu’à Rome. Depuis son élection au fauteuil de maire du petit bourg lombard de mille habitants, Cristian Tolettini lui a déclaré une guerre ouverte. Militant de la xénophobe Ligue du Nord, le jeune édile de 29 ans connaît pourtant bien Sabrina Varroni. Ils ont fréquenté l’école ensemble. Mais depuis qu’elle a épousé un ouvrier marocain, dont elle a eu quatre enfants, leurs rapports se sont détériorés. Après un voyage à La Mecque, Sabrina Varroni, 34 ans, a entièrement couvert son visage. Â
Amende. Dès juillet, Tolettini prend un arrêté municipal interdisant la burqa dans les lieux publics. Le 11 septembre, alors qu’elle attend ses enfants devant l’école, Sabrina Varroni est convoquée par un huissier qui fait vérifier son identité par une employée, puis lui intime l’ordre de retirer, à l’avenir, sa burqa. Refus. Le lendemain, elle reçoit une première amende de 41,32 euros. Puis une seconde, du même montant, deux jours plus tard. «Le port de la burqa est une violation continue et répétée de la loi», soutient le maire sur la base de l’article 85 d’un décret royal de 1931, adopté sous le régime fasciste, et qui interdit de se promener masqué dans des lieux publics. Ce texte avait été complété en 1975 par une autre loi visant à faciliter l’identification des personnes. «La loi de 1975 a été rédigée en pensant au terrorisme des Brigades rouges et, aujourd’hui, je pense que les raisons de sécurité ne manquent pas», a justifié le maire. «Depuis des années, je porte le voile», a répliqué Sabrina Varroni qui explique : «Le décret royal parle de “masque”, or la burqa est une manifestation religieuse. En outre, la loi de 1975 précise que le visage peut être couvert pour des motifs justifiés. La foi religieuse en est un. C’est donc une violation des droits constitutionnels.» Bataille. L’avocat de Sabrina Varroni a décidé de présenter plusieurs recours. L’intéressée a même adressé une lettre publique au président de la République, Carlo Azeglio Ciampi, expliquant «j’ai peur (…) je n’ai jamais refusé de faire voir mon visage mais uniquement à des employés de sexe féminin». Il y a quelques jours, pour des motifs de compétence administrative, le préfet de Côme a annulé l’arrêté municipal de Drezzo. Mais la bataille continue et s’étend à plusieurs villes tenues par la Ligue du Nord. A Calolziocorte, dans la province de Lecco, comme à Laveno Mombello et Biandronno, près de Varese, ou encore à Pordenone, l’interdiction de la burqa est à l’ordre du jour. A Milan, la Ligue recueille les signatures pour demander «l’application de la loi». Les parlementaires du parti xénophobe souhaitent même durcir la mesure en prévoyant l’arrestation pour les femmes prises en flagrant délit de port de la burqa. A Trévise, l’adjoint au maire, Giancarlo Gentilini a donné des consignes précises aux policiers municipaux : «Dès que vous trouvez une femme portant une burqa, amenez-la immédiatement à la préfecture (…) sous la burqa peuvent se cacher des terroristes de cellules dormantes. Je veux avoir des certitudes concernant l’identité de ceux qui foulent chaque centimètre de mon territoire.» Une immigrée du Bangladesh a ainsi été conduite au commissariat. Â
Craintes. Le débat fait rage et même Giorgio Armani est intervenu, en défense de Sabrina Varroni : «Il s’agit d’une question de respect pour les convictions, les cultures et les idées d’autrui. Il faut apprendre à coexister avec ces idées.» Et l’empereur de la mode d’ajouter à propos des raisons de sécurité invoquées par le maire de Drezzo : «Une femme peut avoir le visage découvert et être bourrée d’explosifs.» Au nom du gouvernement, le ministre des Rapports avec le Parlement, Carlo Giovanardi, a insisté : «Les lois doivent être respectées.» Une attitude partagée par l’association de femmes musulmanes en Italie qui craignent avant tout l’adoption d’une mesure qui interdirait également le voile islamique. Début septembre, le député de Forza Italia, Daniele Galli, a en effet déposé un projet de loi allant dans ce sens. En attendant dans plusieurs journaux progouvernementaux, la bataille antimusulmane se déchaîne, amalgamant lutte contre le terrorisme international et l’affaire de Drezzo. «La burqa semble être seulement un morceau de tissu, en réalité c’est le cheval de Troie des croyants musulmans, leur stratagème pour introduire leur civilisation chez nous», attaquait récemment le quotidien Libero. Hier soir, la Ligue du Nord a organisé une retraite aux flambeaux antiburqa dans les rues de Côme. Â
Â
Libération – 4 octobre 2004 - http://www.liberation.fr/page.php?Article=243297  Â
Â
Â
12 novembre 2006 à 18:16
On voit que l’islam gagne du terrain et que l’islamophobie n’est jamais très loin….